SAMASTHITI : Revenons à la base…

Que nous réserve cette nouvelle année de yoga, ou ce retour à la pratique du yoga? 

«Tu as vocation à agir, mais non à récolter le fruit de tes actes. Que ces fruits ne soient pas le motif de ton action; mais ne t’attache pas davantage au non-agir» La Bhagavad-Gïtä, 2-47

Pour quelles raisons pratiquons-nous le yoga? 

Que nous apporte cette pratique? 

Que recherchons-nous à travers cette discipline? 

Comment doit-on pratiquer le yoga? 

À quoi sert-il vraiment?

Notre pratique du yoga peut être associée au bien-être physique, à des rencontres entre amis, à l’occasion de performer dans une discipline physique, à apprendre de nouvelles postures, des techniques respiratoires ou de méditation, à combler notre curiosité, stimuler notre intelligence, créer un espace pour soi-même, se donner un peu de répit, combler un vide, vivre une expérience extraordinaire, nous connecter à quelque chose de plus grand, vivre notre spiritualité, et quoi d’autre encore…

Je crois que la plupart d’entre nous cherchons à obtenir quelque chose, soit pour nous réparer, soit pour remplir un vide ou encore pour soulager le trop-plein. En quelque sorte, nous pratiquons souvent dans le but d’éliminer nos souffrances de quelque nature qu’elles soient. Et nous voulons que cela arrive maintenant, immédiatement, et rapidement!

Cependant, la pratique du yoga demande un engagement, des efforts soutenus, une constance sur une longue période. Elle demande aussi du dévouement dans notre pratique, nos actions, nos pensées et bien plus encore. Ouf! Pas facile, n’est-ce pas?

Et si la pratique du yoga était plus simple que cela?

Et si elle était sans effort, si on devait ne rien désirer et juste laisser aller, laisser la vie nous offrir ce dont nous avons besoin. La possibilité de prendre ce qui nous fait du bien, comme un grand buffet auquel nous pouvons nous servir à volonté. 

Cela aurait-il le même impact et obtiendrait-on le même résultat? Cela aiderait-il à notre évolution en tant qu’être humain? Obtenir les fruits merveilleux que nous propose la philosophie du yoga : béatitude et réalisation de soi; ce n’est pas si simple.

Comment une simple posture comme Samasthiti peut-elle permettre notre transformation vers le bien-être, vers l’élimination ou la diminution de nos souffrances?

SAMASTHITI (Tadasana, ou la posture de la montagne)

Revenons à la base. Samasthiti est la première posture que nous apprenons en Yoga.

Cette posture est la fondation de toutes les postures debout.

«Sama» signifie égal, semblable, pareil. Elle évoque un mental neutre, droit, impassible.

«Sthitti» signifie maintenir, se tenir, fixer. C’est le fait de résider, c’est la stabilité, l’immobilité.

Samasthiti est donc une posture symétrique, bien équilibrée dans le corps et le souffle, avec un mental tranquille. Une posture qui permet d’établir une bonne fondation que l’on pourra intégrer à toutes les autres postures debout. Samasthiti nous apprend à nous tenir debout avec concentration, équilibre, stabilité, dans la tranquillité du mental.

Le yoga est un long processus d’apprentissage qui nous demande d’être d’abord un bon élève. Un élève qui désire s’investir, agir, ressentir, vivre l’expérience de façon viscérale dans toutes ses cellules. Un élève ouvert à ce que son expérience du yoga va lui offrir dans le moment présent. Un élève curieux de ce qu’on lui propose, qui se questionne, ajuste sa pratique à ses propres besoins sans toutefois être uniquement tourné vers le résultat.

Le yoga n’est pas un processus intellectuel ni de performance.  

Le yoga nous pousse à réfléchir à notre propre pratique et à ses effets sur notre corps, notre souffle et notre mental. Il nous amène à prendre conscience de nos tendances et de nos habitudes de vie. Il touche l’être dans sa globalité.

Parce qu’il est un long processus d’exploration qui touche toutes les facettes de notre être; physique, organique, pranique, sensoriel, mental, méditatif et spirituel, le yoga demande discernement et lâcher-prise.

Apprendre par la connaissance? Oui, en partie. Mais c’est d’abord par l’expérimentation, par notre sensibilité, avec cette connexion en pleine conscience que la transformation aura lieu. Tout est en lien avec la vie, les situations, les moments, les événements vécus de manière attentive et consciente. Et pour que cela se produise, la pratique doit être mise à l’agenda.

Souvent je dis à mes élèves : ce qui se passe sur notre tapis, c’est comme dans la vraie vie. Et la vie est transparente dans notre pratique.

Pratiquer Samasthiti sur son tapis, c’est développer la compétence de l’équilibre dans sa vie quotidienne. L’équilibre est indispensable pour mieux ressentir et se préparer à traverser d’éventuelles périodes plus agitées afin de pouvoir se connecter à cette tranquillité intérieure. Le yoga permet de développer ce merveilleux potentiel propre à chacun.

Bien que la pratique du yoga soit une discipline individuelle, elle n’exclut pas le monde extérieur. Au contraire, elle nous permet de nous ouvrir aux autres, à tous les êtres humains, aux animaux, à la nature et à l’univers.

Il y a une différence entre le yoga de connaissance ou de performance, qui aujourd’hui prend plus de place dans notre société, et la pratique ancestrale, celle qui amène une transformation profonde de l’être. On l’appelle le yoga spirituel.

Cette pratique spirituelle nous invite à ne pas chercher le fruit de nos actions. Elle ne cherche pas la performance, mais cherche plutôt à découvrir, sans attachement ou aversion, ce que le yoga a à nous offrir pour servir notre vie actuelle ou future en nous menant vers la sérénité, la tranquillité et la lumière intérieure.

Revenons à la base, à une pratique simple et essentielle.

Pratiquons SAMASTHITI, se tenir debout avec la stabilité et la tranquillité du corps, du souffle et du mental.

Pratiquons SAMASTHITI avec une intention intérieure qui transforme, avec une pleine conscience ouverte et qui crée cette communion, cette union de l’esprit individuel à l’Esprit Universel.

Namasté !

Guylaine